Entre une politique française fortement chahutée et de récentes élections américaines aux relents de fake news, j’ai eu envie de me pencher sur le rapport entre graphisme et propagande. Même si la communication politique actuelle se joue bien-sûr sur un tout autre terrain que sur celui de l’affichage et de la diffusion de tract, la construction d’une imagerie politique n’a pas pour autant disparue. 

La propagande se déploie aujourd’hui autour de la vidéo, avec les médias télévisuels et les réseaux sociaux, et le digital est devenu un support de diffusion extrêmement puissant d’idéologie et mais aussi de désinformation, notamment grâce à l’IA. Une part importante des guerres aujourd’hui se joue aussi sur le terrain de la communication autour des fameux « narratifs ».

Ouvrages de Zvonimir Novak, sur l’imagerie politique

Histoire graphique

Le grand spécialiste du sujet est Zvonimir Novak, professeur d’Arts Appliqués, journaliste et spécialiste de l’imagerie politique. Auteur, notamment, de « la lutte des signes » et de « Tricolore”, un ouvrage passionnant sur la propagande de l’extrême droite, alors que l’essentiel de nos imaginaires se concentrent sur l’imagerie de la gauche et de l’extrême gauche.

L’affiche politique « explose » au début du XX e, tant du fait des enjeux politiques que des progrès des techniques d’impression. Elle va connaître son apogée lors de la seconde guerre mondiale et dans le monde soviétique. Son déclin s’amorce dès les années 90 au cours desquelles, on note  une forte baisse du militantisme et donc de l’affichage sauvage, ainsi que la fin (temporaire…) d’un monde binaire dans lequel il est désormais plus difficile de construire des images fortes . L’affiche politique reste un média important pour les plus  petites formations politiques.

Les affiches de propagande, ont pour fonction de mobiliser les consciences, convaincre et séduire. A ce jeu, les ressorts sont nombreux : création de symboles ou d’allégories afin de se construite un vocabulaire graphique commun. L’affirmation la force à travers l’émergence de l’image du chef, en forgeant le mythe du héros porteur et défenseur d’un destin commun. Au contraire, il s’agit aussi de créer un repoussoir en diabolisant ou en ridiculisant l’ennemi. Les techniques reposent sur des slogans et sur des ambiances graphiques aux couleurs saturées avec une forte présence rouge et de noir. Le cadrage en contre plongée est aussi très efficace.

Continuer avec l’affiche politique

L’illustrateur et street artiste Dugudus se passionne pour la représentation de l’image sociale et politique française et poursuit cette tradition en offrant une nouvelle identité à l’image engagée. Il réalise à partir de 2009, ses premières affiches politiques en collaboration avec François Miehe, fondateur du collectif Grapus et issu des Ateliers Populaires de Mai 68.

Le livre de Dugudus, “Politique de L’image” vient de sortir et retrace quinze années de productions de l’artiste qui poursuit le savoir-faire de l’affichisme en offrant une nouvelle identité à l’image engagée. Dugudus et aussi sérigraphe et met en forme les luttes de ceux qui l’entourent. Il n’hésite pas à déplacer son atelier de sérigraphie et ses pinceaux en pleine rue pour prendre part aux différents mouvements sociaux.

Ses œuvres sont aujourd’hui exposées dans des biennales, galeries d’art et événements artistiques. Certaines ont intégré les fonds de musées tels que le MUCEM, la BNF, l’Institut du Monde Arabe, le Musée de l’immigration ou le Musée Carnavalet.

Grâce à lui l’affiche politique n’est pas morte !